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Coup d'œil du congrès JNPD 2024

Comptes rendus rédigés par le Dr Camille Kieffer & Dr Josephina Marco Bonnet (Dermatologues, France)

30 min

Compte rendu rédigé par Dr Camille KIEFFER

L’essai prospectif à court terme publié en 2023 dans le JAMA (Delage et al., 2023) évaluant l’efficacité de l’association RIFAMPICINE, MOXIFLOXACINE et METRONIDAZOLE chez les patients atteints de maladie de Verneuil stade I sévère montre qu’une combinaison d’antibiotiques permet d’obtenir une rémission complète à court terme. Cette dernière peut être prolongée par une monothérapie d’entretien par COTRIMOXAZOLE ou DOXYCYCLINE. Des essais contrôlés sont nécessaires afin de confirmer ces résultats.

Un autre essai rétrospectif publié également dans le JAMA en 2024 (Nosrati et al., 2024) étudiait l’efficacité et la durabilité de l’ERTAPENEME en intra veineux. Il a été montré une amélioration significative et stable des marqueurs cliniques et inflammatoires. Cependant, cette approche thérapeutique doit être surveillée afin de limiter l’émergence des résistances bactériennes. Elle peut être envisagée comme une option afin de préparer à une chirurgie dans les cas les plus sévères.

Outre les traitements anti-infectieux, l’ADALIMUMAB (anti-TNF alpha), première biothérapie dans la maladie de Verneuil est un traitement de seconde intention en cas de réponse insuffisante au traitement par antibiotique dans les formes modérées à sévères de la maladie. Sa place est à considérer en relai ou en association avec ces derniers. De plus, un essai contrôlé randomisé (Aarts et al., 2023) a montré le bénéfice de l’association de l’ADALIMUMAB avec la chirurgie en comparaison avec l’ADALIMUMAB seul après 12 mois de suivi. Le SEKUKINUMAB (anti IL-17) a eu l’AMM en 2023. Actuellement le BIMEKIZUMAB (anti IL-17) est en cours d’essai et montre des résultats très probant.

Dans tous les cas, le traitement de la maladie de Verneuil repose sur un traitement précoce afin d’éviter les lésions cicatricielles et scléreuses dans lesquels les traitements ne peuvent plus diffuser. Il s’agit de trouver la fenêtre d’opportunité afin d’éteindre la maladie et empêcher sa progression.

L’utilisation combinée de biothérapie ou immunomodulateurs dans cette maladie soulève la question du risque infectieux chez ces patients qui présentent déjà de nombreuses comorbidités. Une analyse systématique de la littérature et méta analyse (Lazaridou et al., 2024) visant à calculer l’incidence du risque infectieux chez les patients atteints de maladie de Verneuil et traités par des agents biologiques ne montrait pas d’augmentation significative du risque de complications infectieuses. Il s’agissait essentiellement d’infections respiratoires et infections cutanées peu graves et peu d’infections opportunistes.

Enfin, une étude pilote prospective (Verde et al., 2024) évaluait l’effet du régime cétogène à très basse calories pendant 28 jours chez 12 femmes atteintes de maladie de Verneuil et en surpoids ou obésité. Il montrait une amélioration notable de la sévérité clinique de la maladie ainsi que des marqueurs métaboliques.

Dans le même objectif d’amélioration des paramètres métaboliques des patients, un poster a été présenté au congrès de EHSF (European Hidradenitis Suppurativa Foundation) en février 2024 au sujet du SEMAGLUTIDE, un antidiabétique agoniste du récepteur au GLP-1 favorisant la sécrétion d’insuline et réduisant la sécrétion de glucagon. Il permettrait une perte de poids associée à une amélioration de la qualité de vie et une diminution des poussées inflammatoires de la maladie.

Outre les mesures diététiques, le laser dépilatoire reste toujours d’actualité dans la maladie avec possibilité d’ajouter un traitement par gluconate de zinc en combinaison avec le laser.

La maladie est également de mieux en mieux caractérisée (Van Der Weijden et al., 2023) ; en effet des formes tardives de la maladie ont été décrites surtout chez les hommes avec un profil plus sévère et  un contexte familial plus fréquent. Les distributions anatomiques sont également différentes des zones habituellement touchées. En général, le surrisque de multimorbidité est également augmenté avec des patients plus fumeurs.

Pour finir avec la maladie de Verneuil ; une étude rétrospective française a étudié l’incidence des carcinomes épidermoïdes compliquant la maladie de Verneuil. Les tumeurs surviennent en général après 30 ans d’évolution de la maladie avec malheureusement un diagnostic tardif et des formes trompeuses (nodules, masses, ulcérations de fistules). 12 patients sur les 25 cas présentaient une forme métastatique.

 

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