Dermatite séborrhéique : Clinique, diagnostic et prise en charge

• La dermatite séborrhéique est une affection cutanée inflammatoire qui se caractérise par des plaques rouges, squameuses et prurigineuses localisées préférentiellement au niveau des zones riches en glandes sébacées (séborrhéiques) : cuir chevelu, visage essentiellement la zone T, région thoracique, ainsi que le dos¹.
• C’est une pathologie bénigne très fréquente qui concerne entre 1 et 8% de la population générale, avec une prévalence plus élevée chez les hommes et les personnes âgées².
• Comme la dermatite atopique, la dermatite séborrhéique présente de grandes disparités géographiques¹.
• En France, elle touche 1 à 3% des adolescents et adultes⁶.
• La DS peut avoir une forte incidence sur la qualité de vie des patients : inconfort, stigmatisation, perte de l'estime de soi, limitations dans la vie sociale².
• Les causes exactes de la dermatite séborrhéique ne sont pas entièrement élucidées, mais une combinaison de facteurs contribue à son développement¹.

Les causes de la dermatite séborrhéique sont multifactorielles et impliqueraient l’interaction de trois facteurs :

• La présence sur la peau de la levure du genre Malassezia.
• Les sécrétions sébacées.
• Le profil immunologique.

Rôle de la levure Malassezia dans la DS^1,5,8

• Ce type de levure se trouve couramment sur la peau. Sa seule présence ne suffit pas à déclencher une dermatite séborrhéique.
• En revanche, chez certains individus présentant une barrière cutanée altérée, les métabolites relargués par Malassezia sur le cuir chevelu sont responsables de la desquamation de la peau observée dans la DS.
• La présence de Malassezia chez ces individus provoque également une inflammation locale associée à des démangeaisons.
• La forte corrélation entre la réduction de Malassezia et la diminution des symptômes associés à la DS en font la cible préférentielle de traitement pour cette pathologie.

Rôle des sécrétions sébacées dans la DS^4,8

Un faisceau d’arguments identifie les sécrétions sébacées comme participant à la physiopathologie de la DS :

• Prévalence plus importante à l’adolescence (glandes sébacées plus actives).
• Lésions dues à la DS localisées dans les zones du corps riches en glandes sébacées.
• Composition lipidique de la surface de la peau des hommes atteints de SD diffère de celle des témoins non affectés.
• Présence plus importante de Malassezia dans les zones où la sécrétion sébacée est la plus importante.

Si ces arguments plaident pour un rôle des sécrétions sébacées dans le développement de la DS, le détail de leur implication n’est aujourd’hui pas connu.

Facteurs immunitaires impliqués dans la DS⁴

• L’implication du système immunitaire est démontrée notamment par la fréquence beaucoup plus importante de DS chez les patients immunodéprimés (transplantés d'organes, VIH, pancréatite alcoolique chronique, hépatite C et diverses tumeurs malignes), avec des taux allant jusqu'à 83 %, contre 1 à 3 % dans la population générale.
• Le détail du mécanisme d’action n’est toutefois pas décrit à ce jour.

Autres facteurs

• La dermatite séborrhéique est plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, et l’incidence de la DS augmente chez les hommes à l'adolescence et au début de l'âge adulte. Ceci suggère un rôle important des hormones (androgènes notamment) dans son développement⁴.
• Le stress joue également un rôle important dans l’apparition des poussées sans corrélation avec un état dépressif des patients. En revanche, les patients chez qui le stress est susceptible de provoquer une poussée ont un score d’anxiété plus élevé que les autres patients atteints de DS¹⁰.
• L’implication de facteurs génétiques dans la DS est moins documentée que dans le psoriasis ou la dermatite atopique.
• Une étude transversale récente (2018) incluant 4050 participants dont 609 atteints de DS (15%) a néanmoins identifié une corrélation entre la DS et des variations génétiques pouvant être impliquées dans l’inflammation, l’immunité ou dans certaines propriétés de la peau⁷.

L’expression clinique de la dermatite séborrhéique est différente chez le nourrisson ou chez l’adulte.

Nouveau-né et nourrisson^11,17

La dermatite séborrhéique infantile apparaît vers la fin du 1^er ou 2^ème mois et dure environ 4 à 6 mois. Elle se présente sous forme d’éruptions érythémo-squameuses ou croûteuses. Elle peut se présenter :

• Comme chez l’adulte, sous forme d’atteinte bipolaire (cuir chevelu et visage) : squames grasses, épaisses, blanches et jaunâtres (croûtes de lait).
• Dans la région du siège : dermatite du siège.
• Au niveau des plis du cou et des aisselles : squames grasses des plis axillaires (possibles).
• Absence de prurit.
• Une érythrodermie généralisée (dite de Leiner-Moussous) peut apparaître plus rarement. Son évolution est souvent favorable.

Adulte^11,17

• Lésions érythémato-squameuses non infiltrées, bilatérales et symétriques.

• Atteinte du visage présente chez 88% des patients, sous forme de plaques érythémateuses pouvant être recouvertes de squames grasses au niveau des sillons nasogéniens, sourcils, glabelle, lisière antérieure du cuir chevelu. Chez l’homme, la barbe et la moustache peuvent être le siège de lésions.
• Les atteintes du cuir chevelu concernent 70% des patients. Elles sont la plupart du temps peu sévères (pityriasis capitis) mais peuvent générer des démangeaisons.
• Atteinte du tronc chez environ 27% des patients, sous forme de plaques annulaires ou circinées sur la région présternale.
• Formes étendues ou sévères :
  • Des atteintes du menton et des bords ciliaires des paupières (blépharite séborrhéique) sont possibles.
  • Pityriasis amiantacé : forme sévère de dermatite séborrhéique du cuir chevelu, avec aspect de casque engainant des touffes de cheveux.