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Prof. Thierry Passeron
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Vos patients présentent une hyperpigmentation ou des taches sur le visage ?
Rencontrez Pr. PASSERON, Professeur de dermatologie et expert en pigmentation de la peau, pour découvrir les nombreux types de pigmentation de la peau, tel que le mélasma, mais aussi comment éviter les marques cutanées et quel traitement utiliser pour l'hyperpigmentation.
Spoiler alert : la crème solaire contre la lumière bleue est la clé pour l'hyperpigmentation.
Rencontrez Thierry Passeron, Professeur en dermatologie au centre Hospitalier Universitaire de Nice et dirigeant d’un laboratoire INSERM étudiant à la fois le mélanome et les troubles pigmentaires.
Il existe de nombreux types d’hyperpigmentation. Il y a généralement une production accrue de mélanine par les cellules qui produisent cette mélanine et qu’on appelle les mélanocytes. Il faut bien comprendre qu’il existe d’autres types d’hyperpigmentation. Toute accumulation de pigments tels que le fer par exemple peut entraîner une hyperpigmentation. Il est très important de le comprendre dès le début afin de poser le bon diagnostic car tous les types d’hyperpigmentation ne nécessiteront évidemment pas le même type de traitement. Il est donc nécessaire de poser le bon diagnostic pour donner le bon traitement.
Le mélasma est l’un des principaux troubles hyperpigmentaires. Il s’agit d’une hyperpigmentation bilatérale aux contours bien délimités. Les tâches sont généralement de couleur brune et se caractérise notamment par une aggravation lors de l’exposition au soleil, en particulier l’été. Cependant, il faut bien comprendre que même si le mélasma est encore appelé masque de grossesse, il est désormais établi que 80% des femmes qui développent un mélasma le font avant ou après la grossesse et que seulement 20% développeront un mélasma pendant la grossesse.
Autre point essentiel à retenir : le mélasma touche également des hommes et peut concerner près de 10% d’entre eux.
Le soleil est l’un des principaux facteurs déclenchants du mélasma et tous les individus atteints le savent parfaitement puisque dès qu’ils sont exposés au soleil leur mélasma s’aggrave. Cette aggravation persiste malgré l’utilisation d’une très bonne crème solaire. Nous savons désormais pour quelle raison. Il faut tout d’abord savoir qu’en termes de protection solaire, on doit penser aux UVB mais aussi aux UVA. Lorsque vous choisissez une crème solaire, sachez que l’indice SPF seul concerne surtout la protection contre les UVB. Dans le cas du mélasma mais aussi des autres troubles hyperpigmentaires et du photovieillissement cutané, vous devez choisir une crème solaire offrant une très bonne protection anti-UVA notamment les UVA à ondes longues. C’est le premier critère. Par ailleurs, il a été démontré récemment que la lumière visible peut également déclencher une hyperpigmentation et qu’elle joue un rôle clé dans le mélasma. En fait, nous avons démontré que seule la lumière à haute énergie visible, c’est-à-dire la lumière bleue et violette est à l’origine de cette hyperpigmentation.
Une exposition de 2h à la lumière bleue du soleil suffit à accroître la pigmentation ou à aggraver le mélasma. C’est désormais un fait établi. On pourrait également penser que la lumière bleue produite par les écrans de nos appareils, téléviseurs, ordinateurs, téléphones risque d’aggraver le mélasma cela peut sembler logique à priori. Mais il faut prendre en considération un élément crucial, à savoir l’intensité lumineuse. Concrètement, s’ils ont reçoi 60 ou 70 joules de lumière bleue en deux heures ou en deux semaines, comme c’est le cas quand on est assis en face à son ordinateur ou à sa télévision, cela n’aura pas le même effet photobiologique. Nous avons mesuré l’intensité des téléviseurs, ordinateurs et téléphones les plus puissants et nous l’avons comparée à la lumière bleue émise par le soleil. Elle est 100 à 1000 fois moins intense. Ainsi, la lumière bleue émise par ces appareils n’est pas responsable de l’aggravation du mélasma. On peut donc rassurer sur ce point les personnes souffrant de cette affection.
Il est crucial de consulter un dermatologue dès que l’on développe une hyperpigmentation. Tout d’abord, si elle est localisée, il faut s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un naevus et surtout qu’il ne s’agit pas d’un mélanome. Il est donc très important de montrer cette forme d’hyperpigmentation à votre dermatologue. Même s’il s’agit d’un trouble hyperpigmentaire bénin et courant tel qu’une hyperpigmentation post-inflammatoire ou un mélasma, il est essentiel d’avoir l’avis d’un spécialiste car, comme expliqué, il faut d’abord poser le bon diagnostic afin de donner le bon traitement.
Les lasers sont très utiles pour traiter de nombreux troubles hyperpigmentaires. Il faut toutefois garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une solution miracle et que pour certaines hyperpigmentations, ils seront sans effet ou aggraveront la maladie. Dans de nombreux cas de mélasma, l’utilisation du laser est déconseillée.
Le traitement du mélasma est assez complexe, mais il existe désormais de bons traitements. Il faut bien expliquer à tous les patients atteints de mélasma qu’il s’agit malheureusement d’un trouble persistant qui évolue généralement sur 5 à 20 ans. A ce jour, nous n’avons pas de traitement qui permette de se débarrasser du mélasma en un ou deux mois de traitement. Il est très important que le patient comprenne qu’il va recevoir un traitement initial suivi d’un traitement d’entretien qui devrait prévenir ou au moins réduire les récidives. Il faudra par ailleurs éviter tout facteur aggravant. La photoprotection sera donc un élément fondamental. Cette photoprotection devra obligatoirement protéger contre les UVB et la lumière bleue y compris les UVA à ondes longues et être utilisée tout au long de l’année. Il nous faudra également recourur à des agents dépigmentants topiques. Le traitement de référence demeure le trio de Kligman, une association d’hydroquinone, d’acide rétinoïque et de corticostéroïdes. On le prescrira pendant 3 à 4 mois et si possible en hiver. En raison de son caractère irritant certains types de peaux et certains patients ne le supportent pas. Le reste de l’année, on utilisera une crème cosmétique dépigmentante pour en prolonger l’efficacité. Ce traitement est généralement efficace. On pourra aussi proposer des peelings en restant notamment très prudent chez les individues à la peau foncée pour éviter d’aggraver le mélasma.
En cas de mélasama ou de trouble hyperpigmentaire, ne choisissez pas votre crème solaire uniquement en fonction de l’indice SPF car il concerne surtout la protection contre les UVB. Il faut tenir comptes des UVA à ondes longues. Vous devez aussi utiliser une protection contre la lumière à haute énergie visible c’est-à-dire la lumière bleue et violette. Malheureusement, à ce jour, il n’existe pour nous en protéger que l’usage d’un bouclier physique. Il s’agit généralement d’oxyde de fer ou d’autres pigments de ce type. C’est la raison pour laquelle, les soins solaires qui protègent de la lumière bleue sont teintés. Il est important d’avoir une coloration qui s’adapte à la peau. Par conséquent, sans cette coloration on ne peut évidemment pas assurer la même protection contre la lumière visible.
Sur le visage, c’est assez simple, la quantité correspond à une cuillère à café. Vous devez utiliser cette quantité lors de chaque application sur le visage. C’est un point crucial car si vous mettez uniquement la moitié, vous ne serez pas à moitié protégé, vous serez 10 fois moins protégé. C’est un point essentiel à retenir. Vous devez également savoir que l’application doit avoir lieu plusieurs fois par jour. En général, je conseille à mes patients de l’appliquer deux fois par jour en hiver et minimum 3 ou 4 fois par jour en été en fonction de l’activité et de l’exposition au soleil bien entendu.
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