Pathologies du cuir chevelu : tableau clinique, diagnostic et traitement

• Les affections du cuir chevelu englobent un large éventail de pathologies autres. 
• De nombreux facteurs peuvent donc entrer en jeu en fonction de la pathologie : facteurs immunologiques, toxiques, médicamenteux, traumatiques, infectieux, hormonaux, localisation d’une maladie générale du cuir chevelu ou d’une affection spécifique de cette zone. 

• Pelade non cicatricielle

  Pelade

• Elle touche environ 1 à 2 % de la population générale. Cependant, la prévalence peut varier de 0,1 à 6,9 % selon la population étudiée ². 
• Elle touche principalement les enfants (25 %) et les jeunes adultes, mais toutes les tranches d’âge peuvent être concernées^1-3.
• La pelade est multifactorielle et les causes précises de cette affection font encore l’objet de débats. 
• Ceci étant dit, des facteurs génétiques et immunologiques (maladies auto-immunes) semblent systématiquement impliqués^1,2. 

• D’autres facteurs tels que le stress oxydatif, l’épigénétique ou le microbiote intestinal pourraient également jouer un rôle³. 

   

• Trichotillomanie et trichotemnomanie^1,4

• La trichotillomanie est une forme de trouble obsessionnel compulsif. Cette maladie touche principalement les femmes (75 %). 
• La trichotemnomanie désigne le fait de se couper et/ou se raser les cheveux à des fins de manipulation et/ou dans le cadre d’un acte compulsif. Ce trouble est souvent le signe d’un problème psychologique sous-jacent.
•  

Alopécie traumatique et par traction ^1,5

• Alopécie éphémère due au fait de tirer trop fort et de manière prolongée sur les cheveux. 
• On considère souvent que cette affection touche principalement les personnes d’origine africaine, mais des études récentes suggèrent que le principal facteur de risque n’est pas le type de cheveux, mais les habitudes d’entretien.

Alopécie infectieuse et inflammatoire ¹

• Toute inflammation du cuir chevelu peut provoquer une chute de cheveux localisée (dermatite séborrhéique, zona, piqûres d’insectes). 

  • Quand elle reste superficielle, elle est réversible.
  • Si en revanche elle devient chronique ou profonde, elle peut se transformer en alopécie cicatricielle.  

  Alopécie en clairière¹

• Elle se caractérise par une alopécie temporaire.

  • Elle apparaît dans 5 % des cas à la suite d’une syphilis secondaire.

  Alopécie androgénétique^1,6

• L’alopécie androgénétique (ou calvitie) touche 30 % des hommes blancs de 30 à 40 ans, 50 % des hommes blancs de 50 à 60 ans et 80 % des hommes blancs de 70 à 80 ans. D’après les estimations, 30 % des femmes sont également touchées.
  • Les hommes d’origine asiatique ou africaine semblent moins concernés.
  • L’alopécie androgénétique est liée à deux facteurs principaux : la stimulation androgénique et la génétique.
  • L’un des gènes impliqués se situe au niveau du chromosome X.
  • Ce bagage génétique est associé aux follicules pileux (en particulier ceux du sommet de la tête) qui sont plus sensibles à la dihydrotestostérone, ce qui entraîne une altération du cycle de renouvellement capillaire : le cycle est accéléré et raccourci, et le nombre de cycles s’épuise de manière précoce.
  • L’alopécie androgénétique concerne également les femmes, chez qui elle peut être déclenchée par la prise de contraceptifs oraux (pilule) ou de traitements hormonaux prescrits pendant la ménopause. L’alopécie chez la femme est également influencée par le stress et l’hypercholestérolémie.

Alopécie non cicatricielle diffuse

Effluvium télogène^1,7,8

• C’est l’une des causes les plus courantes de l’alopécie.
  • De multiples facteurs peuvent en être à l’origine : traumatisme cérébral, alimentation, accouchement, allaitement ou traitement médicamenteux.

Effluvium anagène (dystrophique)¹

• Il est le signe d’une altération aiguë du follicule en phase anagène, ce qui entraîne une dystrophie de la matrice capillaire, déclenchant la chute des cheveux par fracture de la tige capillaire.
  • Un trichogramme permet de le différencier de l’effluvium télogène.

Perte de cheveux « non alopécique »¹

• Certains patients présentent une perte de cheveux qui n’est liée ni à un effluvium ni à une alopécie.
  • C’est le cas de la dysmorphophobie ou de la chute de cheveux saisonnière. 

Alopécie cicatricielle 

• Ce type d’alopécie regroupe plusieurs pathologies, notamment des affections spécifiques du cuir chevelu et des follicules pileux (alopécie cicatricielle primaire), mais aussi des dermatoses au niveau de certaines localisations (alopécie cicatricielle secondaire)¹. 

Alopécie cicatricielle inflammatoire

• Lupus érythémateux chronique.
• Lichen plan : chez les femmes de plus de 30 ans. 
• Syndrome de dégénérescence folliculaire : il ne touche jamais les enfants et rarement les hommes.

Alopécie cicatricielle pustuleuse¹

Pustulose infectieuse :

• Elle peut apparaître à la suite d’une folliculite.
• La recherche de causes infectieuses est très importante.

• Maladie de Quinquaud :
  • Il s’agit d’une folliculite décalvante chronique.

  • Elle touche aussi bien les hommes que les femmes. 

     

• Cellulite disséquante du cuir chevelu (ou maladie de Hoffman) :
  • Elle peut être associée à l’acné conglobata et à l’hidrosadénite suppurée, dans le cadre d’une triade acnéique.

  • Elle est plus fréquente chez l’homme.

     

• Folliculite en touffes : elle touche principalement les personnes à la peau noire.
• Pustulose stérile : elle touche les personnes âgées. 

Alopécie cicatricielle non inflammatoire¹

• Pseudopelade de Brocq : elle concerne principalement les femmes âgées de 25 à 45 ans.
• Alopécie frontale fibrosante : elle est généralement observée chez les femmes ménopausées, mais peut toucher les hommes et les femmes de tous âges.
• Mucinose folliculaire.

Pelade non cicatricielle¹

Pelade^1-3

• Elle se manifeste par une chute de cheveux spontanée dans une zone bien précise (20 % des cas) ou dans plusieurs zones.
• Ces zones sont circonscrites, souvent circulaires. Leur taille peut varier et la progression peut être centrifuge (alopécie parcellaire).
• Quand la région occipitale est touchée, on parle de pelade ophiasique. Cette forme est très résistante au traitement.
• Dans 5 % des cas, l’ensemble du cuir chevelu est touché : c’est l’alopécie totale.

Quand la perte de cheveux est diffuse (rare), elle progresse souvent très rapidement.

• Dans 10 % des cas, les ongles peuvent également être touchés.
• L’évolution de la maladie est imprévisible, mais près de 2/3 des patients guérissent spontanément ou répondent au traitement. 
• En cas de progression rapide, si plus de 25 % du cuir chevelu est touché, si les ongles sont atteints ou si la maladie est ophiasique, le pronostic est défavorable.

Alopécie androgénétique^1,6

• Elle est associée à une perte de cheveux diffuse.
• Chez l’homme, elle est associée à une régression symétrique au niveau des tempes, jusqu’à ce que deux golfes nus se forment. Il y a ensuite une récession de la ligne frontale et un sommet du crâne clairsemé, à un degré modéré ou avancé. Par progression et convergence, apparaît une calvitie hippocratique, où seule la couronne temporo-occipitale subsiste.
• Chez la femme, les lignes temporales et frontales et les régions occipitales sont préservées. On observe un amincissement des cheveux selon un schéma ovale au niveau du vertex et de la région pariétale, mais rarement une calvitie.
• La classification de Ludwig détaille les stades de l’alopécie androgénétique.

Alopécie non cicatricielle diffuse

Effluvium télogène^1,7,8

• Il est très fréquent. 
• Différents facteurs peuvent interrompre la phase de croissance du cheveu (phase anagène) et induire une phase de repos, ce qui se traduit par une chute de cheveux à retardement, 3 à 4 mois plus tard, en sachant que jusqu’à 50 % de la masse capillaire peuvent être touchés. 
• La réparation spontanée et le retour à un cycle normal prennent 6 à 12 mois.

Effluvium anagène (dystrophique)¹

• Il est déclenché par des médicaments cytostatiques, dont les principaux sont le cyclophosphamide, le docétaxel et le paclitaxel.
• Ces traitements inhibent la pousse des cheveux dans la phase anagène, ce qui entraîne la chute de tous les cheveux dans les 2 semaines suivant la première dose.

Alopécie cicatricielle 

Les processus pathologiques conduisent à la destruction des follicules pileux, ce qui entraîne une alopécie permanente. Les traitements sont généralement peu efficaces¹.

Alopécie cicatricielle inflammatoire

• Lupus érythémateux chronique (LED) :
  • Une ou plusieurs grandes plaques érythémateuses, alopéciques, couvertes de squames adhérentes, infiltrées au niveau des bords et atrophiées au centre. 
  • Pathologie parfois douloureuse ou prurigineuse.
• Lichen plan : dans 50 % des cas, d’autres localisations sont identifiées sur le corps, ce qui confirme le diagnostic.
• Syndrome de dégénérescence folliculaire :
  • Cette affection commence au centre du vertex et se propage lentement de manière centrifuge.
  • Elle peut être inflammatoire et accompagnée de pustules ou d’une sensibilité locale accrue.

Alopécie cicatricielle pustuleuse ¹

• Maladie de Quinquaud :
  • Présence de petites plaques rondes et sans cheveux parsemées de pustules folliculaires protubérantes. 

  • Après une extension progressive, sous l’effet de la confluence des plaques, une vaste zone atrophique bordée de lésions pustuleuses actives est observée.

     

• Cellulite disséquante du cuir chevelu (ou maladie de Hoffman) :

  Présence de grands nodules érythémateux évoluant en une suppuration. 

  L’évolution est chronique.

• Folliculite en touffes : elle se caractérise par la présence de touffes de cheveux émergeant d’un orifice unique, ressemblant à des implants de cheveux synthétiques.

  Alopécie cicatricielle non inflammatoire¹

• Pseudopelade de Brocq : plusieurs taches arrondies ou ovales, lisses, de petite taille puis s’étendant progressivement « telles des traces de pas dans la neige ». 
• Alopécie frontale fibrosante (AFF) : apparition d’une bande d’alopécie lisse et symétrique au niveau de la région frontale et des régions pré-auriculaires, et récession progressive de la ligne d’implantation antérieure.
• Mucinose folliculaire :
  • Les lésions sont localisées ou diffuses.
  • Elles se caractérisent par la présence de papules kératosiques folliculaires.
  • Ces papules sont isolées ou regroupées dans des plaques érythémateuses plutôt bien délimitées.

Alopécie non cicatricielle diffuse¹

• Cibler l’étiologie de manière à éliminer le médicament ou le produit toxique déclencheur.
• Traiter les carences : fer, zinc, vitamines, etc.

Alopécie androgénétique⁹

• Hommes : finastéride 1 mg/jour par voie orale et/ou minoxidil 2 ou 5 % en application locale. Greffe de cheveux complémentaire.
• Femmes : minoxidil 2 et 5 %en application locale après la ménopause.

Alopécie^1-3

• Les corticoïdes fluorés topiques sont prescrits en traitement de première ligne. Une injection intradermique mensuelle d’acétonide de triamcinolone peut également être envisagée, car cette molécule est plus efficace.
• Ces deux traitements peuvent être accompagnés de minoxidil 5 %.
• Les inhibiteurs de la calcineurine ne sont pas efficaces.
• En cas d’échec des corticoïdes, une immunothérapie peut être prescrite sous la forme d’haptènes à appliquer sur le cuir chevelu.           

Alopécie cicatricielle

Elle nécessite des traitements spécifiques et ciblés, administrés à l’hôpital.

Conseils pour vos patients

Alopécie androgénétique

• Luttez contre la séborrhée au niveau du cuir chevelu, qui est un facteur aggravant de l’alopécie.
• N’hésitez pas à vous laver les cheveux tous les jours avec un shampooing doux, non détergent et sans sulfate pour éviter l’hyperséborrhée réactionnelle.
• Évitez de vous sécher les cheveux à haute température, ce qui favorise la séborrhée.

Pellicules

• Utilisez un shampooing antipelliculaire, 3 fois par semaine pendant la phase d’attaque, puis 1 à 2 fois par semaine en entretien, en alternant avec un shampooing doux non détergent.
• Les facteurs qui irritent le cuir chevelu et aggravent les pellicules doivent être évités : l’utilisation d’un sèche-cheveux, le brossage vigoureux des cheveux, les colorations à l’ammoniaque, les shampooings détergents inadaptés.